Conférence de Maxime Boidy
Jeudi 17 novembre 2022, 17h30
Iconologie d’une révolte ouvrière en baie de Somme (Fressenneville, 1906).
Au printemps 1906 éclate à Fressenneville (Somme) une grève des ouvriers serruriers de l’usine Riquier. L’épisode tourne à l’émeute : la demeure patronale est saccagée et l’ensemble du mobilier jeté dans une mare qui jouxte le « Château » des propriétaires. Documenté par la carte postale, le cas est loin d’être isolé. Le printemps 1906 marque aussi l’apogée d’un mythe ouvrier : celui de la grève générale, que d’aucuns, comme le philosophe Georges Sorel, conçoivent alors comme un « tableau sublime », un événement visuel en passe de se matérialiser. C’est l’articulation de ces registres de visibilité – le document historique, l’image théorique, auxquels s’ajoute l’iconoclasme des symboles de la richesse patronale – qu’il s’agit ici de repenser.
Maxime Boidy est maître de conférences en études visuelles à l’université Gustave Eiffel, membre du LISAA (EA 4120). Ses recherches portent principalement sur l’histoire intellectuelle des savoirs visuels et l’iconographie politique. Il est actuellement lauréat d’une bourse de recherche de l’Institut pour la photographie (https://www.institut-photo.com/soutien-recherche-creation/2022) pour un projet portant sur l’imagerie du syndicalisme révolutionnaire français. Son livre La Société n’existe pas. Images de la guerre civile sous Margaret Thatcher est à paraître en novembre 2022 aux Editions Même pas l’Hiver (https://www.memepaslhiver.com/).